Un COR et le « Bagarreur.

Le Sous-Lieutenant (R) Philippe CASTIAUX effectue son service militaire au 3e Wing Tactique en 1985. Il a laissé un exellent souvenir. Jugez-en plutôt ! Il nous raconte ses aventures.


« Il se trouve donc que j’ai accompli mon service militaire à la Base de Bierset, où deux escadrilles se disputent le gag le meilleur aux dépends de l’autre. Etant curieux de nature et qui plus est, passionné de mécanique, j’ai été attiré d’emblée par le monstre d’acier que possède la 1e Escadrille : un vénérable char M47 Patton ? arrivé là on ne sait plus très bien comment il y a une bonne dizaine d’années déjà. Un défi avait été lancé à la 1e Escadrille : aller mettre le bout du canon du Patton dans la fenêtre du Bureau du Commandant de l’autre escadrille de Bierset, la 8e, distante de 700 mètres. Il faut savoir que le char avait subi sa dernière révision en juillet 1965 et que ce n’était pas par ses propres moyens qu’il avait jadis rejoint la base….C’est dire donc que son état actuel rendait la réalisation du défi bien utopique.

C’était méconnaître pourtant ma passion pour la mécanique qui me poussait à entreprendre l’impossible. Pendant les trois derniers mois de mon service, j’ai passé la plupart de mes « récups » et une bonne partie de mes congés à la recherche de pièces manquantes, et réparer d’autres, à modifier et restaurer certains circuits électriques défaillants. J’ai bénéficié du soutien et de l’aide de beaucoup de personnes de la base qui, toutes, trouvèrent que l’idée était sympa mais refusèrent cependant à croire à sa réalisation….
….Jusqu’au jour où nous avons enfin pu essayer une première mise en route du moteur.
Ce fut laborieux, mais le moteur a démarré quand même dans un grand crachement de fumée et d’huile. Il va sans dire qu’à partir de ce moment les esprits s’échauffèrent à la 1e et que le plan des opérations fut élaboré sur le champ. Quelques reconnaissances discrètes et le T.O.T. fut fixé au lundi suivant, juste après le briefing du matin.
Lundi 28 octobre 1985 vint, ainsi que la chance, sous forme d’un brouillard épais qui allait nous permettre d’arriver sans être vu ; sûrement pas sans être entendu, car un V12 de 30 litres, fonctionnant en échappement libre, n’est pas particulièrement discret !

09.45 hrs : tous les pilotes sont là. La 1e tremble ; ira-t-y, ira-t-y pas ? Le démarreur ronronne, mais le moteur refuse de partir : l’humidité et le froid ont eu raison de toutes bonnes volontés. Les activités normales de l’escadrille ayant priorité, bien entendu, un second essai est décidé pour 17.00hrs, essai couronné d’un succès immédiat.
Le grand moment était arrivé. Après un dernier test « grande distance » (20 m) pour la vérification des chenilles et du freinage, le Patton, rempli à ras bord de pilotes de la 1ère, lentement mais sûrement, progressa vers son but. En route, le succès de foule fut indéniable : 17.00 Hrs étant l’heure de la fermeture de la base, le char draina un grand cortège de curieux vers la 8eme. Pari tenu ! La photo en témoigne.